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Travailleur pair : le vécu au service des autres

Frédéric Giovanella est travailleur pair à Conseil Habitat Jeune, branche du Pôle Habitat Insertion Jeune. Anciennement rédacteur et secrétaire administratif au Bon Plan, il met aujourd'hui son expérience au profit des jeunes en difficulté.

Arrivé au Bon Plan le 16 mars 2020, à la veille du premier confinement, ce passionné d'écriture s'épanouit dans la rédaction et la gestion administrative. Deux années riches dont il parle encore avec beaucoup d'enthousiasme, qui l'ont mené à Conseil Habitat Jeune en tant que travailleur pair. Un métier littéralement sur mesure puisqu'il est le tout premier à exercer cette fonction au PHIJ.
 

Le travailleur pair accompagne et transmet son savoir à des personnes ayant un parcours de vie similaire au sien. Un statut peu développé en France, que le PHIJ a souhaité expérimenter dans le cadre de son dispositif Logement D'abord. Après un temps de réflexion avec la direction du Bon Plan et deux stages d'observation, Frédéric intègre Conseil Habitat Jeune en septembre 2022. Sa mission est d'accompagner les jeunes de 18 à 25 ans en situation de précarité dans leur recherche d'emploi ou de logement, en étroite collaboration avec les travailleurs sociaux. Une activité qui révèle en lui une véritable vocation. 

 

« Je n'aurais jamais pensé travailler dans le social mais je me suis dit que j'avais
peut-être quelque chose à apporter. Je veux aider ces jeunes qui sont souvent désespérés,
leur redonner de l’espoir. Je veux lutter contre le déterminisme social
».

 

Empreint d’une profonde empathie, Frédéric s’investit pleinement dans son métier. Ancien bénéficiaire du RSA, il passe plusieurs années en CHRS (Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale), il vit également en résidence universitaire et en Foyer Jeunes Travailleurs. À 20 ans, il obtient son DAEU option Littéraire et fait deux ans de Licence de Droit. En parallèle à ses études, il travaille comme veilleur de nuit pour payer son loyer, mais ce rythme devient vite un frein à ses études, qu'il est contraint d'abandonner.

Les difficultés que les jeunes ont parfois du mal à aborder avec les institutions, c'est là qu'intervient le travailleur pair. Sa proximité et le lien de confiance créés avec l'accompagné lui permettent de déceler ces petites choses, qu'il transmet ensuite au travailleur social afin d'adapter au mieux la réponse à ses besoins.

Il s'agit avant tout d'une collaboration complémentaire. Si le travailleur social possède les connaissances techniques et institutionnelles pour prendre en charge les bénéficiaires, le travailleur pair, lui, possède un vécu et un regard aguerri sur ce que peut traverser l'accompagné, ainsi qu'une expérience de terrain qui facilite la tâche du travailleur social. Sa connaissance du milieu et des réalités complexes que vivent les personnes en situation de précarité apporte une plue-value précieuse et considérable à l'accompagnement des jeunes.
 

« Je comprends leur réalité. Beaucoup de facteurs comme la phobie administrative, l’incompréhension du langage institutionnel ou encore des problèmes d’addictions peuvent ralentir leurs démarches et avoir des conséquences importantes sur la suite de leurs projets. Je suis là pour éviter l’engrenage ».  

« J'aime énormément le métier de travailleur pair. Je pense qu'il serait intéressant de le développer dans d'autres secteurs, comme le milieu carcéral par exemple, pour que d'anciens détenus puissent accompagner les sortants à se réinsérer dans la société, à retrouver un emploi, et prévenir les risques de récidives. »
 

Frédéric témoigne une grande reconnaissance à la MFI pour son engagement : 
 

« J'ai découvert une structure qui défend des valeurs qu'on ne retrouve pas dans les entreprises classiques. Je crois en la pertinence d'un système basé sur l'ESS, et je suis fier d'appartenir à un organisme qui, malgré ses enjeux financiers, ne fonde pas son activité sur le profit. Ce que j'aime à la MFI c'est qu'elle dépasse le cadre de départ et propose des solutions à des problèmes de société qui vont au-delà du simple remboursement de soin, on le voit avec la pluralité des pôles qui la constituent. Et j'espère qu'elle continuera d'élargir le champ des possibilités ».
 

À la question de savoir s'il prévoit de rester dans le secteur de l'aide sociale, Frédéric ne se prononce pas.

« Je continuerai tant que je sens que j'ai encore des choses à apporter, si je sens que ce n'est plus le cas, je m'orienterai vers d'autres projets, mais pour l’instant je me donne à fond dans ce que je fais. »