EHPA’DANSE 2025 : Bienvenue à Bollywood
Centre Mutualiste Michel Philibert
17 rue Jacques Anquetil – CS 10246 - 38401 SAINT-MARTIN-D'HERES
Entre le « déjà lointain » souvenir des sessions bronzette au soleil sur la plage et la course à la montre de la rentrée, tout le monde est passé à côté. Pourtant, l'événement sportif de l’été tout juste terminé, bien avant les ballons d’or et les champions leagues, c’est bel et bien la victoire régionale du Centre Mutualiste Michel Philibert au concours EHPA'DANSE 2025, se payant au passage le luxe de pointer à la 9è place nationale, sur 120 établissements. Sacrée en juin dernier, la structure martinéroise méritait bien un petit retour sur ce parcours remarquable.
« Bonjour à toutes et tous, j'ai le plaisir de vous annoncer que le Centre Michel Philibert a terminé 9è au concours national EHPA’DANSE 2025.
Un immense bravo à tous ! Nous faisons partie des vainqueurs régionaux, et le CMMP figure dans le clip officiel.
Encore félicitations aux participants pour ce beau travail collectif »
Nous sommes le 23 juillet dernier, et c’est par ce simple mail que Josette RIBES, animatrice au Centre Mutualiste Michel Philibert de Saint-Martin-d’Hères, nous apprend en même temps la participation, la victoire régionale et la 9è place nationale au concours EHPA’DANSE.
Ehpa’Quoi ?
Il y a 5 ans, en pleine crise sanitaire, la très sérieuse Fédération Française de Danse réfléchit, un peu comme tout le monde dans cette période compliquée, à un moyen de maintenir une activité physique, sociale, chacun de notre côté, dans nos appartements, nos maisons, pour traverser cette épreuve de la meilleure façon possible. Sensibilisée par les problèmes spécifiques des Ehpad (visites impossibles, éloignement des familles…), la FFD s’oriente vers ce secteur particulier et développe le projet EHPA’DANSE dans le but de fédérer tous les acteurs au sein même des établissements.
Le principe est simple: créer une vidéo mettant en scène résidents et soignants pour une chorégraphie sur un thème imposé. Un jury composé de professionnel-les se réunit ensuite pour désigner les gagnants régionaux puis le grand gagnant national. Les établissements sont récompensés, et les résident-es profitent d’une expérience à la fois artistique et bénéfique pour leur santé. Fort de son succès, le projet survit au déconfinement et est finalement reconduit au fil des années. Plus qu’un simple concours, EHPA’DANSE devient vite un évènement incontournable, alliant créativité, bien-être et cohésion sociale pour les résident-es des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées (EHPAD).
Pour l’édition 2025, c’est le thème : "Danse typique d’un pays ou continent" qui est choisi.
38400, Bollywood
En poste depuis 4 ans et toujours à la recherche de nouvelles idées participatives, il n’en faudra pas plus à Josette Ribes, pour saisir l’occasion d’inscrire son établissement au concours. Le choix du thème se portera sur Bollywood, où le cinéma se caractérise par ses comédies musicales un peu kitsch, ultra colorées, sur fond d’histoire d’amour contrariée par l’entourage, confrontant l’Inde traditionnelle et l’Inde moderne. Roméo et Juliette version Maharashtra en quelque sorte.
En tout juste un mois, le projet prend forme, et l’animatrice embarque tout son petit monde dans les studios de cinéma de Bombay !
Bon… faute de moyens, nous nous en tiendrons à la salle de réfectoire de Michel Philibert, mais, avec quelques tentures colorées, un peu de décoration, beaucoup d’imagination, et surtout l’adhésion immédiate des résidents, familles, personnel soignant, amis, bénévoles…toute la structure se prend au jeu et se découvre un accent hindi.
Josette Ribes met en scène plusieurs chorégraphies, et plus les tableaux s’enchaînent plus le projet se retrouve victime de son succès, si bien qu’au fil des jours, les participants se bousculent et les vidéos se tournent à la pelle, à l’instar des productions indiennes.
Pour la captation, pas de caméra professionnelle mais un smartphone suffira. Ici ce ne seront pas les idoles orientales aux 150 films par ans, mais la doyenne de l’établissement, Mme Gagne, 105 ans, et un déhanché à rendre fadasse l’item number le plus osé, qui a illuminé le tournage pour une chorégraphie en compagnie de ses arrières petits enfants.Car c’est également ça l’idée. Célébrer un lien intergénérationnel, en impliquant les résidents au côté de leurs familles.
« Dans mes activités physiques au quotidien, je fais avec les capacités de chacun, on ne pouvait pas réellement coller aux danses ultra dynamiques de Bollywood, mais s’en rapprocher en gardant l’esprit festif et joyeux du genre »
Certains résidents ne voulant pas s’afficher mais tout de même participer au projet sont mis à contribution pour les décors et les costumes, on embarque l’équipe soignante, les familles se chargent du making off, les sessions de maquillage et habillage sont assurées par Tess et Maverick, alors en service civique, qui improvisent une loge pour la préparation des acteurs.
Le tableau final rend hommage à « Holi », la fête des couleurs qui célèbre le printemps. Si les canons de poudres colorées n’ont pas explosé comme prévu, on jette ça à la main, et l’effet restera plus ou moins le même.
Bien évidemment, le projet se rapproche plus du bricolage que des super-productions indiennes en milliard de roupies, mais l’enthousiasme et la bonne humeur prennent le pas sur les difficultés qu’impose un plateau de cinéma.
Le tournage va durer 1 mois, puis place à la post production. Pour la musique, on se contentera d’ « emprunter » la bande originale de Slumdog Millionaire, et de 10 minutes, à coup de tutos internet et à force de coupes, de montage et remontage, la vidéo arrive finalement à 1 minute 30 et est prête à être envoyée au grand jury de la Fédération Française de Danse.
En route pour la victoire
120 établissements et 1800 personnes participent au concours dans toute la France, une première sélection désignera les podiums régionaux qui enverront les vainqueurs vers le grand concours national. Autant dire que Josette Ribes, bien que fière du travail réalisé, ne se fait que peu d’illusion sur une éventuelle victoire mais se contentera de la joie du travail réalisé et de l’implication. Un mois et demi passent sans le moindre retour, puis, un beau jour, un mail de la FFD.
Roulement de tabla (forcément), le vainqueur s’appelle : …Michel Philibert.
Face à la vingtaine de production proposées en Auvergne-Rhône-Alpes, la structure martinéroise se classe à la surprise générale à la première place régionale, une sacrée consécration pour l’animatrice qui s’empresse de partager son enthousiasme avec les résidents :
« -J’étais débordante de joie. Mais soyons honnêtes, la plupart de nos résidents ont une fragilité cognitive et il s’était quand même passé beaucoup de temps depuis la création de la vidéo.
-On a gagné quoi Josette ? »
Les réactions sont anecdotiques, tout comme les prix, quelques revues, livres, recueils de mots croisés, mais le principal n’est pas là, même si la qualification nationale a révélé quelques ambitions chez les participants. La structure finira tout de même 9è au niveau national. 9è sur 120, largement de quoi être fier face aux productions haut de gamme qui composent le podium final.
Vous avez dit décalé ?
Josette Ribes, habituée aux activités qui sortent de l’ordinaire, n’a pas attendu que l’euphorie de ce concours retombe et a déjà assuré la participation de Michel Philibert à l’édition 2026. D’ici là, l’animatrice, pour qui l'échange, le partage, un brin d’humour et d’autodérision peuvent offrir bien plus qu’une simple animation, est déjà repartie sur un autre projet tout aussi décalé que les ondulations bollywoodiennes, tenez-vous bien mesdames messieurs, ce sera…EL DIA DE LOS MUERTOS !
Oui, oui, vous avez bien lu, le jour des morts, la fête mexicaine faite de squelettes et d’ autels funéraires.
Dans un ehpad, il fallait quand même oser mais…entre nous…Mme Gagne en calavera,
ca peut valoir une autre newsletter.












